Tikal

Tikal, le pourquoi du voyage au Guatemala. Pour certain, c’est l’ascension de volcans, pour d’autre, c’est la visite du pays, et d’autres encore, les temples, dont Tikal. C’est une zone archéologique bien étendue, il y a beaucoup d’autres zones comme celle de “El Mirador”. J’aurais adoré y aller mais il faut 3 jours pour y aller à pied et 3 pour revenir. Un vrai bonheur mais je ne savais pas si le genou aurait tenu... Le réconfort est qu’il avait beaucoup plus donc les pistes auraient été encore plus difficiles, donc pas de regrets…

Pour aller à Tikal, c’est un vrai périple 480 km et il faut la nuit pour faire la route ! Nous partons d’Antigua en fin d’après-midi, nous devons arriver à Guatemala City, à la station de bus centrale. Énorme trafique, nous mettons plus de 3 heures pour y arriver. En descendant du Shuttle, un gardien armé d’une matraque me demande d’aller me mettre au fond, avec d’autres touristes. La zone n’est vraiment pas sûre… J’ai d’ailleurs vu des panneaux aux frontières qui indiquaient que les armes à feu n’étaient pas acceptées. Sympa

2 heures d’attente à la station, il fait nuit et le bus arrive. Nous attendons encore un peu. Les gens sont ici franchement désagréables ; c’est peut-être dû à l’insécurité qui règne… Nous sommes beaucoup à attendre, Italiens et Allemands avec qui je papote le temps d’embarquer. L’auberge d’Antigua m’avait proposé 3 choix pour le voyage : le “chiken bus” qui est en fait un ancien bus scolaire américain, vous savez les bus jaunes. C’est ok pour un voyage de quelques heures mais vu que nous allons y passer la nuit, je ne vous conseille pas, en plus, l’état des pneus laisse vraiment à désirer…Il y a ensuite le bus “VIP”, que j’ai choisi, et enfin le bus pullman qui est un peu plus cher mais le VIP est déjà plus que confortable. Vous êtes allongés au 3/4, dans de gros fauteuils, wifi et j’ai la chance d’être au fond du bus, à l’étage inférieur dans lequel il n’y a que 12 personnes. C’est toujours un congélateur mais je suis préparée. Par contre, VIP ou Pullman, cela ne change pas grand-chose lorsque le chauffeur prend les virages à fond, vous êtes quand même réveillés. Arrêt en pleine nuit, le bus est inspecté par des militaires de fond en comble, nous sommes tous hagards et je vois beaucoup d’incompréhension et un peu de peur dans les yeux, le chauffeur n’est pas à l’aise.

C’est reparti jusqu’au petit matin, arrivée à Flores, froissée et hirsute. Lorsqu’on on voyage en sac à dos, le standard de l’élégance est bien moins intransigeant !

Je vois avec mes deux comparses Italiens pour prendre un taxi qui nous amènera à l’auberge de Flores que nous partageons. La voiture passe par un pont qui mène à une petite île située au centre du lac. Le paysage au matin est vraiment très beau, j’en ai plein les yeux. L’auberge “Los amigos” est vraiment chouette, grande et pleine de plantes exotiques, des canapés avec des prises pour les chargeurs dans le salon envahi de plantes, la salle à manger et bar, on passe à un deuxième salon qui a des hamacs et un billard avant d’arriver aux chambres. Tout est fait pour que vous restiez ! Le lit est confortable avec une salle de bain pour 5. C’est très bien.

Je ne vais pas beaucoup bouger de la journée, je vais quand même faire un tour de l’île qui est unique. Les rues aux pavés enfoncés secouent de manière virulente les pauvres scooters et chauffeurs qui passent mais tout le monde est détendu. Il ne se passe pas grand-chose sur l’île, juste assez de touristes pour faire vivre tout le monde. Des restos de-ci, de-là, pour différents budgets, 3 agences de voyage dans une même rue (et sans ordinateur, à l’ancienne) de jolies boutiques et 2 petits supermarchés. Comme au Mexique, les petits supermarchés proposent surtout des sodas, des chips pour tous les goûts et gâteaux. Il n’y a pas grand-chose d’autre…

Je découvre l’île en marchant au hasard. Une jolie maison jaune clair toute étroite sur 3 niveaux avec des balustrades en bois de style Suisse, meringuée et sauce au beurre, directement sortie d’un conte, une autre maison aux murs rose bonbon et mangée par une plante grimpante. J’arrive sur la rive et je vois une route qui mène au lac, totalement inondée, avec des réverbères qui sortent de l’eau, et des fils électriques qui les relie, c’est étrange et cela fonctionne la nuit. Un héron, haut sur patte cherche son déjeuner... Les conducteurs de bateaux me proposent un tour sur le lac… j’arrive sur une autre berge, les bancs sont également sous l’eau. On voit au loin et la vue est apaisante.

Je retourne à l’auberge, un peu rincée, un hamac arc-en-ciel me tend les bras et me propose mi ombre mi soleil, je ne peux pas refuser. En me balançant, je vois un gecko assez gros sur le poteau de soutien du hamac qui tend le cou, j’ai l’impression qu’il va sauter sur moi !! Mais non.

Un peu plus tard, je me renseigne pour aller à la zone archéologique demain qui est à 65 km, environ 2 heures. J’ai la possibilité d’aller voir le soleil levant sur les temples mais je ressens encore le voyage en bus de la veille et il fallait se lever à 4h. Les Italiens y sont allés, ils ont vu une énorme tarentule et entendu lun puma. Cela devait être merveilleux.

Après une belle nuit, départ pour Tikal, je suis impatiente ! C’est un de mes destinations les plus attendues !

Les 7 personnes qui partent avec moi ont choisi un guide, franchement, je veux y aller seule, comme à Palenque. Je veux ressentir plutôt qu’écouter. La zone de Tikal est assez étendue. Je me suis procuré un plan à l’entrée et c’est bien pratique.

Je pars totalement à gauche, vers le temple le plus éloigné pour commencer. Après l’entrée et quelques centaines de mètres, on arrive à un croisement avec un gros plan. Si je vais vers le centre, où se trouve les deux plus gros temples et la place du marché, il y aura beaucoup de monde et je souhaite m’immerger dans la forêt et son énergie. Je commence à marcher, les arbres sont énormes les oiseaux sont présents et j’entends d’autres animaux que je ne reconnais pas. Les moustiques sont aussi de service alors douche d’anti-moustique sur les vêtements et les moindres recoins de peau visible. Je marche sans une allée moussue, peu de gens y passent, plus je marche et plus je me sens complètement isolée. Le plan donne une idée du temps de marche sur certains chemins mais pas celui-là, plus long…je marche beaucoup et je ne vois qu’un chemin et des arbres et commence à me demander si le chemin que j’ai pris est le bon… tout est balisé, pas la peine de stresser. Et là, apparaît le premier temple, qui n’est pas des plus grand. Il est là, comme un gardien des lieux... Arès c’est la jungle, sans balises. Sur un petit espace dans lequel l’homme a laissé sa marque depuis des siècles, la nature commence à l’envahir mais il reste encore beaucoup de pierres visibles. Sur le site, on voit des arbres en haut de monticules mais la jungle est plate ; sous ces monticules se trouvent beaucoup de constructions pas encore dégagées. Ce temple, connu comme le numéro IV ou le temple des inscriptions car il enseigne des pans de murs dotés de hiéroglyphes Mayas, aujourd´hui pas vraiment lisibles. Je fais le tour du temple car on arrive dans son dos. Il y a sur sa face principale une stèle protégée et aussi une sorte de roue couchée on aperçois encore des symboles gravés. Plus au loin, on voit des pierres qui devaient appartenir à ce temple et une sorte de coffrage cassé.

Je repars ; je suis seule entre cet édifice et les arbres avec une sensation étrange. Je vois un panneau qui indique la direction d’autres temples. Le chemin est lui aussi peu usité.

J’ai fait une vidéo de mon arrivée à une nouvelle construction car c’est féerique. On passe à travers les arbres, il n’y a plus de chemin et on arrive sur une construction qui n’apparaît pas telle quel car elle est couverte de mousse donc on ne la distingue pas au début. Il y a des marches et on peut monter dessus. Attention, c’est glissant vu l’humidité qui règne. Comme à Uxmal, de nombreuses constructions sont faite de calcaire. L’ensemble construit est en forme de U avec un grand jardin au milieu. Et s’appelle “Les Acanaladuras” à cause des inscriptions sur les murs, et qui était une résidence. Il y a beaucoup de chambres, avec chacune une sorte de petite terrasse couverte pour chacune d’elles. Je suis très émue. Les cellules sont minuscules. Il y a des ouvertures sur l’extérieur, du côté du jardin comme de la jungle, en forme de carré et lorsque l’on regarde l’extérieur, à travers ces 3 arches carrées, on a une perspective singulière, comme quand dans un kaléidoscope.

Je descends précautionneusement vers le jardin de forme rectangulaire et 2 arbres gardent une entrée ouvragée de 2 murs latéraux qui donne sur une sorte de place avec au loin des marches formant un escalier très long. Était-ce un amphithéâtre rectangulaire ? On devine la vie qu’il y avait ; elle semble encore présente, même si plus d’âme humaine vit ici depuis longtemps.

Encore envahie par des émotions qui me submergent, je repars, plus portée par la forêt que par mes pieds.

Le chemin monte, ce qui peut présager l’arrivée sur des temples plus prestigieux. Ce qui est vrai.  Je tombe sur un premier temple de même hauteur que le temple des inscriptions mais moins bien préservé puis ensuite sur une petite construction gravée de magnifiques sculptures bien lisibles, de 2 cercles épais et d’une sorte de couronne de plume à l’envers ou des rayons du soleil qui forment une frise. Cela pourrait être un autel. Devant elle se dresse le gigantesque temple du jaguar, énorme (j’ai lu, à 55 mètres de hauteur et construit environ 730 ans après JC). Ce temple a été construit pour effectuer des rites funéraires.

Avant de me présenter, je monte au nord, vers une multitude de “petites constructions”, qui est en fait l’acropole et à ce niveau, on n’arrive même pas à la moitié de la hauteur du temple du jaguar. De hauts escaliers en bois peuvent nous faire accéder à la place principale et la face principale du temple du Jaguar. Face à lui, le temple II, ou le temple des masques -de même hauteur mais pas du tout la même énergie- et qui font de nous de véritables insectes. Sur un des côtés de ces temples sont construites des marches menant à des sortes de cellules, peut être là où officiaient les sacerdotes. Il y a pas mal de monde sur cette place centrale, aujourd’hui hui tapissée de gazon.

Je continue ma découverte à travers une jungle plus épaisse, les lianes tissent une toile entre les troncs d’arbres et l’air se fait plus dense. Je passe devant le temple III, le temple du sacerdote du Jaguar. Ce temple est à moitié envahi par la nature. En continuant mon chemin, quelques marches mènent à une autre construction avec un diamètre sans arbre tout autour, c’est assez spectaculaire. C’est la maison des fenêtres ; il y’a plein d’ouvertures partout.

En redescendant, j’entends des appels d’animaux (jaguar ? j’espère !!) je vois un panneau indiquant le monde perdu. Sommes-nous arrivés au temple d’Indiana Jones ? Non, c’est un groupement de plusieurs temples et constructions qui font, grâce au vert de la mousse, des arbres, les ombres et lumières des feuillages, un véritable paradis. Un énorme temple est doté d’escaliers qui représente 5 ou 6 étages. De là, nous avons une vue imprenable sur la jungle et les 2 têtes des temples du Jaguar et le temple des masques. Je crois que c’est dans le deuxième film de la première trilogie de Star Wars, on voit la tête de la pyramide du Jaguar.

Je sais que je devrais repartir car le guide m’a demandé d’être à 15h20 au bus et je ne sais pas combien de temps je dois marcher. J’entends un drôle de son et en m’approchant doucement, je vois deux piverts de couleurs flamboyantes, de chaque côté d’un tronc d’arbre.

Je redescends et je vois que je vais être en retard. Après quelques centaines de mètres, je croise une personne qui travaille sur le site et qui passe en quad ; je lui demande s’il va à l’entrée et s’il peut me raccompagner, j’irai plus vite ! Il m’explique qu’il travaille sur une construction fermée aux visiteurs, qui ouvre et ferme tous les deux ans car beaucoup de personnes font des graffitis dessus…. Sans commentaires.

Je croise le guide un peu inquiet et nous repartons vers Flores, le cœur et la tête encore sur ce site dans lequel je souhaiterais rester plusieurs jours…

Départ prévu demain pour revenir au Mexique

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