San Francisco de Campeche
Prochaine destination San Francisco de Campeche, Campeche comme on dit ici. Cette jolie ville est située sur ma route qui en principe est de descendre sur Chiapas plus au sud. Je voulais visiter la réserve naturelle de Celestún avant Campeche mais ce n’était pas évident au niveau du transport et du logement alors tant pis…
Pour arriver à Campeche depuis Mérida, c’est très simple, c’est la même route qu’Uxmal qui se situe à mi-chemin. Il y a une ligne de bus ADO et même une ligne de 2ème classe ; il faut compter un peu moins de 3h. Arrivée à bon port, le centre historique est assez éloigné de la gare routière ; j’ai rencontré une Française dans le bus qui veut s’installer au Mexique et qui loge dans la même auberge que moi donc nous nous partageons un taxi.
Campeche n’est pas encore une ville très touristique et il n’y a que peu d’auberges. J’ai réservé a l’hostal Melisa et il y’a une bonne ambiance. Par contre c’est quand même assez spartiate, 9 lits par chambre qui ne sont pas très grandes, il y en a deux autres, pas de rideaux, et un tout petit locker, 2 salles de bain, c’est peu mais c’est propre et le lit est confortable. De toutes façons, je n’avais pas grand choix. Je ne réserve qu’une nuit.
Dès les sacs posés, je pars à la conquête de la ville et le jour commence tomber. Le centre est tout porche, je marche un peu et regarde les noms des rues machinalement (défaut des agents de biens !) pour me repérer et je vois qu’elles ne sont pas numérotées mais par contre, je vois de curieuses plaques au coin des rues, au-dessus des plaques usuelles, et qui paraissent fatiguées, les couleurs passées : “l’angle de l’éléphant”, “l’angle du coq”, ou encore “l’angle du grenier”… Je saurai par la suite que c’étaient les anciens noms des rues voire des croisements de rues au temps des conquérants. Je n’ai pas marché 10 mn que j’ai déjà passé 3 églises les unes plus grandes que les autres. Les bâtiments sont anciens et magnifiques, avec des voûtes à l’entrée, des passages à colonnade, on sent une grande richesse mais d’antan car la décrépitude n’est pas loin, je ne suis pas encore dans le centre-centre. Les portes sont massives et de grandes dimensions cloutées ou pas. Il crachine un peu et l’eau et les rares réverbères font refléter les pavés irréguliers. Je sens un manteau lourd et humide, inconfortable qui s’enveloppe autour de mes épaules. J’arrive dans les ruelles centrales beaucoup plus belles, je dirai même pimpantes, les couleurs des façades sont propres et récentes, et choses assez drôle, les tables des restaurants sont installées au beau milieu de la rue ; les lumières se font moins timides, artistement installées au sol, elles illuminent et rendent majestueuses ces constructions immortelles. À part es restaurants, il y a quelques boutiques ouvertes, surtout d’artisanat qui je dois dire est de très grande qualité à Campeche. Ce sont en général de magnifiques pièces de tissus ou des vêtements brodés de fils très fins, colorés sans excès, la broderie exceptionnelle.
Je trouve un petit resto de tacos de Campeche bien accueillant, il s’appelle le Santo Taquito et c’est très raffiné et je ne tarde pas à rentrer.
Dès le lendemain, je repars visiter la ville et la traditionnelle question se pose, rester une nuit de plus ou pas ? Je regarde après le petit déjeuner les différentes possibilités. La prochaine étape que je ne veux absolument pas manquer est Palenque. J’ai l’option du bus de nuit car j’en ai pour des heures donc c’est décidé, je ne reste pas. Le billet acheté, je repars visiter cette ville qui m’intrigue ; de jour, elle est différente mais on perçoit une histoire encore inscrite dans les murs : les canons, les murailles et les deux grandes portes d’accès à l’ancienne ville fait penser à une cite de pirates. Nous ne sommes pas loin. Je vous avais parlé des 3 Francisco de Montejo. En fait, les Espagnols ont débarqué à Campeche avant de prendre petit à petit le Yucatan et faire de Merida la ville principale. Il n’empêche que Campeche était le port d’arrivée. Donc, à leur arrivée, les Espagnols ont littéralement fondu sur les Mayas, qui, bien que nombreux ne se défendait qu’avec ce qu’ils avaient, des pierres et tout objets que la nature pouvait leur fournir. On peut aisément comprendre que les Espagnols munis d’épées, de flèches, de lances et e canons ont envahi très rapidement ces merveilleuses terres. C’est peut-être ce que j’ai ressenti la veille à la nuit tombée, les perceptions sont différentes, ou exacerbées…
Les habitants sont sympas mais je ne retrouve pas la joie de vivre bon enfant de Merida et la nonchalance de Valladolid Bien que souriants, ils sont plus réservés et je dois dire que par deux fois, je ne me suis pas sentie rassurée. C’est peut-être l’histoire de la ville qui déteint sur ses citadins.
Je passe donc la porte qui mène à la mer qui a vu durant tant de siècles des marins, peut-être un peu pirates arrivés de mer pour boire un coup à la taverne ou encore des marchandises dans des caisses en bois, toutes fraîches arrivées d’Espagne, on s’y croirait ! J’arrive devant a mer, nous sommes loin des plages féeriques de Cancún ou de Bacalar mais il y a une petite brise qui fait du bien. Je ne reste pas longtemps car il y a des édifices modernes sans grand intérêt, je repasse la porte et arrive sur le musée Maya. Je vous le recommande. Il y’a beaucoup de grandes stèles décorées de hiéroglyphes encore très lisibles avec en plus, à côté la traduction. Il n’y a que peu de hiéroglyphes non reconnus et ce sont surtout des noms de personnages importants ou célèbres dont on ne peut faire le lien aujourd’hui. Je suis fascinée. Après la visite du musée, on a la possibilité de pouvoir monter sur les remparts côté mer, assez large et sans protection. Ce n’était peut-être pas le cas à l’époque mais les remparts côté terre se voient plus étoffés avec des murs plus hauts et une grille.
J’arrive ensuite sur la place de l’indépendance, de même facture que Merida ou Valladolid, où se situe la cathédrale de notre Dame de l’immaculée conception. Deux bâtiments se font face avec ses couloirs en colonne et haut de plafond et sont installées des petites échoppes mobiles ou non. Sur la place est érigé un kiosque avec aussi des petites buvettes où l’on propose des tacos - il y a toujours de quoi manger au Mexique, quel que soit le budget ! - et tout autour, de très grands arbres qui nous abreuvent d’ombre. Je m’assois sur un banc, parmi les gens et les pigeons et je suis bien aise. Je repars doucement vers l’auberge pour faire mon sac, en passant par le quartier beaucoup plus authentique des gens du coin, les boutiques de vêtements de marque américaine, des boulangeries ou encore de légumes ont pris la place des restaurants pour touristes et boutiques d’artisanat local.
Mon bus est à 2h10 du matin, j’avais organisé un taxi avec la personne de l’auberge ce matin mais en arrivant, cette personne n’est plus là et son remplaçant ne sait rien. Il s’assure gentiment auprès de son collègue que le taxi est bien réservé, on me le confirme. Mais arrivé l’heure, le taxi n’arrive pas. Il n’y a plus personne, je suis seule et 10 mn de stress passé, j’entends la voiture, ouf… allez trouver un taxi à cette heure-là, en pleine nuit dans une ville qui ne me dit rien… Tout est bien qui finit bien, en route pour Chiapas et surtout Palenque, j’en trépigne !!