Luang Prabang

Déjà, le nom promet mille choses... Destination finale pour laquelle j’ai voulu venir au Laos.

Dans un pays baigné de hautes collines verdoyantes et de silence, Luang Prabang se situe dans la partie nord du pays, sur les bords du Mékong.

Arrivée en un rien de temps en TGV depuis la capital Vientiane, je me rends compte que la gare se situe assez loin du centre-ville ; y a des taxis et je négocie mon voyage avec un chauffeur et nous descendons avec 3 autres touristes allemands pas très bavards.

Ce qui est étonnant c’est que la gare du TGV toute neuve et construite par les Chinois, contraste radicalement avec le chemin de terre qui mène à la ville.

J’ai réservé deux nuits dans une auberge “la casa Nostra”, tenue par des Argentins ; la chambre est grande et il y a de l’espace entre les lits. Les hôtes sont sympas ; par contre, pas vraiment d’interaction avec les autres voyageurs et c’est dommage.

Je pars à la découverte de la ville, si tranquille ; il fait beau et les rues sont relativement calmes. Les gens se promènent en moto ou à pied ; ils ne sont pas forcément souriant mais ils dégagent une telle paix !

Luang Prabang vogue entre les rivages du Mékong qui forme une presqu’île, entre les temples et ses habitants. Les touristes sont nombreux, heureusement assez éparpillés car la ville est étendue.

Il y a des temples bouddhistes disséminés partout dans la ville, jaunes or, blancs, plus anciens, plus récents. On voit des moines dans la rue, repérable de loin, vêtus de couleurs de soleil couchant. Ils marchent sans regarder personne, hors de notre dimension, hors de la foule de touristes et des activités environnantes.

Je reviens fourbue de cette première rencontre avec cette ville qui parait plutôt un organisme vivant qu’une ville en elle-même. Je n’en n’ai vu qu’une petite partie.

Luang Prabang vous enveloppe et vous emporte avec une grande force, tel un tsunami, vous ne pouvez rien, faire, accepter et voir ce qu’il se passe. Tel un miroir de la vie, elle vous rappelle que vous êtes bien là ou vous devez être ici et maintenant, et surtout de passage, au propre comme au figuré. Luang Prabang vous offre ce grand cadeau d’être, simplement.

Je demande à mon hôte où je pourrais voir une procession de moines pour le Tak Bat. C’est l’offrande aux moines, au soleil levant. Les citadins offrent de la nourriture aux moines qui les bénissent d’une prière pour les remercier.

Luang Prabang est connue pour cela. C’est même une des attractions les plus importantes de la ville. J’ai regardé plusieurs reportages et une grande partie des touristes ne respectent plus le sacré. Pour avoir LA photo, un touriste se place à moins de 50 centimètres d’un moine durant sa prière ; quelle violation…

Nous sommes nous tellement oubliés, déracinés de ces fondements sacrés ? La photo est certes importante pour certains, plus que la communion du moment, n’y a t-il pas un zoom sur ces gros appareils ?

Je demande à mon aubergiste s’il y a un coin non touristique pour voir la procession des moines ? Oui, me dit-il, el m’indique le lieu, à 15 m à pied de l’auberge. Je dois y être à 5h30. Réveil rapide pour ne pas réveiller mes colocataires, je pars sur la pointe des pieds, avec un gros pull, chaussettes et pantalon, il fait froid au petit matin ! Il fait nuit, je suis excitée comme une puce car je sais que je vais participer à un grand moment.

J’arrive au coin de la rue indiquée, il n’y a personne. Peu après, une dame conduisant une moto chargée de deux paniers remplis de victuailles, me propose d’acheter à manger pour les moines. C’est une sorte de rouleau très appétissants avec une sorte de pâte à l’intérieur. Plusieurs dames d’un certain âge arrivent, toutes très dignes, elles mettent un tapis au sol, elles sont assises un petit tabouret et la nourriture prête pour l’offrande. Nous attendons.

Une file de moines arrive sans que je les entende, il sous gratifient d’une prière ; je me déchausse et pose un rouleau dans chaque bol des moines. Chacune verse avec une grande humilité, du riz et certaines des billets, dans les bols des moines. Une fois les bonzes partis, je vois que les dames restent à papoter, je pense que des moines d’un autre temple viendront. Ils arrivent de l’autre côté. Le jour se lève timidement. Ils marchent pieds nus et portent seulement un grand drap ; il fait encore froid. Nouveau chant, différent, et qui dure plus longtemps. Nous sommes élevés bien haut, nous ne sommes plus dans les maux quotidiens et les malfaits de certains. Une grande paix m’envahit et ne me ramène pas à terre.  Je regarde, ressens et suis dans une telle gratitude de pouvoir partager ces moments.

Le retour se fait sans que je m’en rende compte, pour le petit déjeune. Leur petite fille, avec qui j’ai sympathisé de suite, parle parfaitement l’Anglais. Elle n’a pas plus de 4 ans et passe son temps à dessiner ou alors à parler avec les touristes en nous bombardant de questions car elle est pleine de curiosité.

Je ne reste deux nuits à la guest house, même si les hôtes sont sympas, les installations ne sont pas vraiment confortables ni pratiques. Je trouve un petit hôtel tout en bois, dans une zone que je n’ai pas encore visitée car assez loin ; je souhaite être seule pour accueillir et digérer cette énergie puissante de prime abord.

Le propriétaire de l’auberge m’emmène sur un véhicule fait maison ; un mélange de side-car/mobylette avec un espace marchandise sur le côté avec un banc, si la marchandise est une personne ! J’aime ce voyage ludique qui ne dure que 15 mn. Mes sacs à côté, je regarde la ville se réveiller, une petite brume est encore présente et donne un côté mystérieux ; je passe devant un temple que je veux absolument visiter ; mélange d’architecture ancienne et pagode le site est bien plus qu’un lieu de prière.

Je n’ai pu voir la veille car je n’avais pas les vêtements appropriés. Les murs de ce temple, ceignent le périmètre qui a comme à son habitude 4 entrées, correspondant aux 4 points cardinaux. Il y a un temple, vêtu d’un dôme bien ancien, entouré d’un passage pour les processions et ensuite d’un jardin ; Wat Wisunnarat ou Visun. Construit en 1513, nommé après le roi Visun qui régna de 1501 à 1520. C’est le plus vieux temple de Luang Prabang. Il sert de musée regroupant de magnifiques pièces. Le Bouddha central est entouré d’une multitude de Bouddhas debout et regroupés en fonction de la position de leurs mains.

Sur le même site se trouve le temple Wat Aham, construit vers la fin du XIX siècle ; on y accède depuis le premier temple par une jolie petite porte qui est une arche très ancienne et un peu de guingois. Le temple est plus petit, les statues semblent différentes. Le nom du temple veut dire “Le monastère du cœur qui s’épanouit”. Entouré lui aussi d’un jardin, il a devant son entrée deux tigres en stuc ainsi que 2 statues des gardiens Ravana et Hanouma (de la religion Hindouiste).

En sortant, je trouve deux énormes Bouddhas d’or, l’un protégé de 9 serpents. Je ne peux m’empêcher de m’assoir +à l’ombre d’un des arbres situés derrière les Bouddhas. Petite méditation.

Je termine la promenade par Wat Manorom, plus simple avec un Bouddha à l’extérieur très impressionnant.

Je rentre assez fatiguée entre la procession de ce matin et les kilomètres parcourus dans la journée.

Mon nouvel hôtel est une ancienne maison de bois et de pierre. Avec un balcon et une balustrade toute de bois, la maison à fière allure.

La chambre est sympa, un peu de chinoiseries ici est là et, Ô bonheur, une douche vraiment chaude !

Je découvre un nouveau quartier de la ville, je suis sous le charme. C’est un quartier situé entre les deux rives du Mékong, dans une rue très discrète. Il y’a foison de restaurants, je me régale de dals Indiens et de plats Laotiens.

Cet endroit est entouré de temples. Tous les matins, je suis réveillé par les gongs et ensuite les prières des moines, c’est un pur bonheur. Je marche sur les rives du Mékong, un autre lieu de paix. Je suis dans mon élément, hors du temps, je pourrai troquer ma robe a fleur pour une tenue de moine pour un moment. Je pense d’ailleurs faire une retraite mais cela semble difficile ; après plusieurs recherches, je me rends compte qu’en tant que femme, je dois aller sur l’autre rive, dans un temple de bonzesses et j’a du mal a avoir les informations. Bon… quand les informations ne viennent pas facilement, cela ne sert à rien d’insister.

Ce soir, visite de Pousi Hill, assez touristique pour profiter du coucher du soleil. Je pars un peu avant afin d’en profiter un maximum, je fais bien car l’ascension est rude! Après plusieurs étages entre deux Nagas, j’arrive à un premier temple gardé de deux bouddhas, coiffés de tresses. Je n’en n’avais jamais vu jusqu’à maintenant. Ces bouddhas portent chance, fortune et protection. Il y a aussi une emprunte du pied de Bouddha. Durant l’ascension, je vois un moine bien portant, lunettes de soleil, qui a d mal à monter et qui tousse. Je me permets de lui montrer comment arrêter la toux en massant un méridien ; je ne sais pas trop comment il va le prendre et s’il va me répondre mais c’est un bonze moderne qui parle aux femmes. Il commence la conversation dans un bon Anglais et me dit avec humour que le problème est qu’il est trop gros !

Je continue à monter, une série de Bouddhas ponctuent le chemin, tous différents, plus ou moins grand ; je croise un qui a des yeux d’une grande bienveillance, j’ai envie de m’arrêter mais le soleil descend rapidement. Deux gardiens Hindous sont postés devant le dernier tronçon. J’arrive sur la plateforme et je suis bien déçue car l’endroit est bondé de touristes.

J’arrive à trouver un petit coin pour profiter du panorama assez incroyable mais la foule me prive de la quiétude qui aurait été de mise.

Quelques photos volées entre deux personnes, après quelques minutes, je redescends vers le Bouddha bienveillant (je ne sais pas pourquoi j’utilise ce terme, ils sont tous bienveillants mais celui-là a quelque chose de particulier). Je m’assois à terre et repars pour une bonne méditation, j’en profite car la foule n’est pas encore descendue.

Le lendemain, je pars en excursion ; je vais louer un scooter et veux aller voir un sanctuaire d’éléphants ainsi qu’une cascade située juste à côté.

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas conduit de scooter mais la circulation est fluide et les Laotiens conduisent doucement, c’est parti pour l’aventure, 16 kilomètres.

Le sanctuaire est finalement un endroit privé :  Un cornac qui a deux éléphants femelles ainsi qu’un éléphanteau tout mignon, gère son espace avec sa famille. On achète des paniers de banane pour nourrir les éléphants et le cornac nous propose de faire un tour sur leur dos, ce que je ne fais pas évidemment. Les éléphants sont dans certains endroits très maltraités ; violentés jusqu’à ce qu’ils craquent pour travailler et porter ses troncs de teck ou encore transporter des touristes sur leur dos.

Je n’ai jamais vu d’éléphants de près. Ce sont de grands animaux, plus petits que leurs congénères Africains. Ce sont des animaux très doux et communiquent grandement avec leur regard. Ces deux pachydermes attendent d’être nourris mais j’ai pu par la suite, avoir une belle communication avec elles. Je suis restée un moment et ensuite, je suis partie voir les cascades de Tat Sae. Le parking se situe dans un temple bouddhiste situé juste à côté de la rivière à traverser qui est magnifique avec de grandes statues, c’est assez bizarre mais comme on dit, “go with the flow” ; c’est exactement ce que je fais car on doit traverser la rivière.

Le passage payé, je traverse avec un couple de Barcelonais sur une petite barque similaire à celle empruntée lors de ma visite du temple de Wat Phou dans le sud. Nous avons que peu de temps de discuter et nous arrivons sur l’autre rive.

Les cascades sont magnifiques, avec différents bassins de forme naturelle, des eaux vert émeraude, entourés de végétation. Bien que la ville propose de plusieurs parcs et de beaucoup d’arbres, la forêt me fait du bien. Je respire à plein poumon, profitant du clapot de l’eau, des chants des oiseaux et du bruissement du vent dans les feuilles ; il y a quelques personnes mais ce n’est pas la foule. Je me ressource de suite. Je remonte la rivière, il n’y a pas vraiment de chemin, certaines racines d’arbres s’abreuvent directement dans la rivière, le soleil perce à travers le feuillage jouant des ombres et lumières. Je m’assois contre un tronc d’arbre ; je n’ai pas pu profiter de la forêt depuis tellement longtemps… Après un temps incertain, je décide de revenir pour voir les cascades ; des gens assis devant un pique-nique, profitent heureux de ce lieu magnifique, bercés par cette musique aquatique.

Il est temps de repartir vers la villem qui m’ouvre à nouveau les portes de ses secrets.

Mes journées se ponctuent de visites des temples, de la ville, marches au bord du rivage, et de temps en temps un massage.

Je suis plus proche du quartier vraiment touristique, de restaurants en tous genre, boutiques pour touristes et night market.

Je m’arrête devant un portrait de bonze au fusain vraiment intéressant je discute avec l’artiste, je voudrais lui acheter une de ses ouvres mais pour la mettre où ? J’ai souvent un pincement au cœur lorsque je vois quelque chose qui me plait. La route est longue, mon sac et plein et les possibilités de rajouter du poids sont à prendre sérieusement à prendre en considération. Même si j’ai l’habitude de porter mon sac à dos, il faut souvent monter des escaliers sauter d’un bateau, que sais-je…

Après deux nuits, je décide de changer car le gérant n’est pas vraiment sympa. Je trouve une petite maison pour moi toute seule avec une baignoire !! Elle est située juste derrière le temple principal de la ville Wat Xieng Thong, merveille des merveilles. Cet emplacement me donne la grande joie d’entendre la vie monastique, Si j’étais auparavant déjà flottante dans cette ville, ce nouvel emplacement me distance encore plus de la terre ferme.

Je décide de partir vers de petits temples à côté de Wat Xieng Thong, je découvre un de mes temples préférés Wat Souvannakhhiri. En arrivant il n’y a pas de touristes, j’ai de la chance, je reste un moment, portée par cette énergie forte et indescriptible.

J’y retourne le lendemain soir, juste avant la prière, un moinillon ouvre toutes les portes, ce qui fait venir la lumière du soir, un très beau moment; il faut partir, c’est bientôt l’heure de la prière. En repartant vers le centre, je passe vers deux autres temples d’où émergent des chants, ponctués de sons de petites clochettes accrochées aux toits des temples et qui bougent avec le vent. Je ressens vraiment toute la magie de cette ville qui, après le ravissement des temples propose, le long des rues ces magnifiques maisons coloniales et restaurées avec beaucoup de goût, hôtels, boutiques et restaurants.

Pendant mon séjour à Luang Prabang, j’ai reçu la confirmation de la possibilité de faire les 120 heures de pratiques qu’il me reste a l’hôpital de médecine Chinoise à Hanoi, Arès bien sûr, vérification de mes diplômes. Je suis tellement contente. Par contre, je ne peux commencer que début mars, nous sommes fin Janvier...

Je suis juste à côté de la Thaïlande et je suis ici depuis déjà plus de 10 jours ; je pourra faire une traversée du Mékong sur deux jours en bateau lent mais les heures de minibus que je dois faire après ne m’enchantent pas. J’ai la possibilité de prendre un vol depuis Luang Prabang vers Chiang Mai et c’est ce que je fais, mon billet est pris de suite.

Je pars demain vers de nouveaux horizons.

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