Le Laos et les 4000 îles

J’y serais bien restée plusieurs semaines, mais il faut continuer. Cette fois, départ pour le Laos. C’est un pays que je n’ai jamais visité.

Comme pour la plupart de mes déplacements, je pars en mini bus. Cette fois-ci, j’ai contacté un vendeur local de billets car le prix proposé par l’auberge était plus élevé.

Départ en Tuk tuk depuis l’hôtel, j’ai à peine le temps de finir mon petit dej. Le véhicule vient cueillir d’autres personnes dans d’autres hôtels et nous arrivons à un terre-plein, doté de 2 minibus. On ne nous explique rien ; bon, je m’assois et j’attends…

D’un coup, on ne sait pourquoi, branle-bas de combat, on nous dirige dans les bus en fonction des destinations, Vietnam ou Laos.

Le mini van n’est pas tout jeune et nous sommes serrés comme des sardines.  On me parle de 6 heures de trajet… le voyage va être long !

La route est étroite et il fait chaud. Il y a la climatisation qui apporte un vent glacial dans le cou. C’est au choix !

Arrêt rapide dans un village qui est séparé par la route. Le restaurant propose au fond de la salle des meubles en bois massif et à demi sculptés ; le résultat n’est pas à mon goût mais le bois et magnifique, ainsi que le travail. Les tabourets sont des morceaux de tronc massifs, qui doivent peser leur quintal !

C’est reparti. Après plusieurs heures de route, nous arrivons à la frontière.

Sortie du territoire du Cambodge, photo, empreintes digitales (comme à l’arrivée) nous passons nos sacs au crible puis il y a la sortie. On ne sait pas très où nos s devons aller.

Mon dos est encore douloureux, je pensais que cela irait mais une chose est de marcher, l’autre de porter les sacs qui me paraissent lourds aujourd’hui…

En grimaçant, je pars vers le seul chemin qui est une vieille route décatie, en plein cagnard avec les deux sacs à dos. Je marche environ 400 mètres sans voir personne à part une petite chèvre... J’arrive à une barrière bicolore, un gardien dans sa cahute me signale d’aller tout droit d’un geste fatigué de la main.

J’arrive enfin et c’est la cohue. Faire la queue pour qu’on nous donne un document, il faut une photo. Vent de panique, finalement, j’en ai apporté... Attention les amis, si vous passez la frontière Cambodge-Laos, prévoyez de l’argent liquide (le visa coute 40$ en 2025) car les douaniers ne prennent pas la carte bleue. On donne des documents à remplir qu’on doit donner à nouveau (ressemblance avec la frontière Bélize-Mexique) avec la photo et on nous dit d’attendre. Le passeport nous est donné à travers une autre fenêtre. Plusieurs voitures particulières passent aussi...

Je récupère mon passeport avec un beau visa violet adhésif et j’attends de nouveau ; je ne sais pas vraiment quoi, mais je suis avec mes acolytes donc on verra bien.

Comme à la frontière du Mexique et du Guatemala, c’est un autre van immatriculé au Laos qui viendra nous chercher mais on ne le sait pas encore.

J’essaye de m’assoir le plus droit possible car il faut que je termine le voyage et “my back is killing me” serait l’expression la plus adaptée.

Je vois une voiture de Laotiens passant la frontière. Ils sont 3. Ce sont des gens assez aisés. Ils ont avec eux, une magnifique sculpture de Bouddha en albâtre ou en marbre qui serait d’un blanc pur assis sur un socle amovible. Le douanier n’a pas l’air commode ; il le pèse et et le regarde sur toutes les coutures ; les passagers sont stoïques comme ils savent l’être en Asie et cette scène dure un bon but de temps.

Un chauffeur fumant cigarette sur cigarette vient nous voir de temps en temps et nous donne une destination qui n’est pas la mienne mais lorsqu‘il revient, je lui demande s’il va à Don Det et il me dit que oui… Je n’essaye même plus de comprendre, je me dirige vers le bus.

Nous partons puis nous nous arrêtons. Il manque des passagers, qui finalement sont allé manger une glace ! Chacun fait à son rythme. Cela doit faire 2 heures que nous sommes arrivés à la douane.  Je m’impatiente car je ne suis pas dans ma meilleure forme.

C’est enfin parti. À quelques pas, un grand troupeau de vache traverse la route et nous arrivons finalement assez rapidement au village qui borde le Mékong. Nous devons prendre un petit bateau qui nous mènera à l’île. Nous devons aller prendre le bateau mais plusieurs voyageurs partent chercher de l’argent liquide ; nous devons à nouveau les attendre pour prendre le bateau ; un vent de violence que je tairait me passe par la tête. Je n’ai qu’une envie, c’est d’arriver. En plus, le soleil commence à tomber et j’aurais bien aimé être sur l’île pour profiter du coucher de soleil. Nous étions censés être arrivés il y a plusieurs heures.

Nous aurons quand même un beau ciel rouge en prenant le bateau ; la traversée ne dure que 15 mn, et même si le moteur fait un bruit d’enfer, je profite de ce moment bien spécial.

Arrivée sur le sable, je reprends mon sac à dos et je dois marcher 10 mn qui se transforment en 15 avec mon barda. Arrivée au Tibet Hostel.

L’Allemand qui gère l’Hostel est très sympa. Par contre, même si la partie du haut est faite toute en bois avec une jolie terrasse, les installations sont très sommaires. Le lit est dur comme de la pierre, comme partout au Laos d’ailleurs.

Je décide de trouver une autre chambre pour les jours suivants avec un lit un peu plus accueillant pour un dos qui se plaint. Je trouve une chambre tout à fait acceptable dans une guest house plus proche du débarcadère.

Don Det fait partie des 4000 îles sur le Mékong juste à côté de la frontière Cambodgienne. Sa grande sœur et voisine Don KHON est vraiment différente.

Dès mon arrivée, je vois des gens très cool, les yeux bien rouges, rastas et le reggae flotte dans toute l’île, accompagné d‘une odeur âcre dans la plupart des bars. Pas de stress à Don Det! Il y a un certain nombre de soixantenaires rastas, tatouages et fumette ; je n’en n’ai jamais vu autant dans un si petit périmètre.

Les couchers de soleil sur ces îles sont mémorables et donnent à l’ambiance déjà plutôt cool une touche de couleur qui donne le sourire aux habitants, même temporaires. Je vous recommande vivement cet endroit si vous souhaitez vous couper du monde un moment ; le temps s’écoule différemment et vous partirez de cet endroit tout neufs et reposés

La première activité sur l’île est d’aller à vélo, c’est plat. On longe le Mékong, des guest house, en partageant le chemin avec des gens, des poules, chiens, chats chèvres, vaches…

La première journée ne me permet pas de faire du vélo mais je visite une partie de l’île à pied.

Il fait bon de vivre à Don Det, ne serait-ce que pour un moment. Les choses reviennent à leur place, comme le calme et le silence, ainsi qu’un échange avec la nature que je n’ai pas eu depuis des semaines.

Demain, c’est décidé, je loue un vélo et je verrai bien.  Crème solaire et chapeau car le soleil tape fort à Don Det. Le tour de l’île se fait rapidement, les “routes” sont asphaltées, pas de voitures, seulement un tuk tuk de temps en temps ou un camion livreur.

La chanson “la bicyclette” de Yves Montant trotte dans ma en tête, car sur les routes, au fin fond du Laos c’est exactement ce que je ressens.

J’arrive sur une sorte de structure métallique qui ressemble à un pont suspendu de facture Française (ainsi que le pont qui relie l’île à Don Khon). C’est en fait une ligne de chemin de fer qui reliait les deux îles afin de pouvoir acheminer les marchandises.

Il y a un autre débarcadère car il y a de nombreuses guest house au sud de l’île. Plus en avant, je distingue le pont et qui, une fois dessus, offre une jolie vue des deux côtés.

Don Khon. Autre île, autre ambiance. Moins de touristes dorment sur cette île. Je vois un panneau “plage de Khon Tai“, je décide d’y aller. J’arrive sur un chemin caillouteux et au bout d’un kilomètre environ, je tombe sur un petit restaurant niché sur la plage. Le décor est totalement différent de l’île : on pourrait se croire en Bretagne quand il fait chaud. Sable et lits du Mékong, d’autres îles en face ; plusieurs longues et étroites barques peintes de vert et de bleu attendent sagement les pêcheurs. Il y a un courant assez fort sur un côté ; il y a plusieurs rapides dans les environs et on peut aller se promener en kayak en faisant le tour des îles.

Il fait déjà chaud et je me suis abritée sous un abre.

J’ai faim, j’ai vu en passant le pont un restaurant avec une jolie terrasse toute faite de bois, “la fleur du Mékong”. Bon repas devant ce fleuve plein de surprises. Demain, je reviendrai directement faire le tour de l’île  et voir les cascades connues de Li phi Somphamit et Khon Pa Soy.

Aujourd’hui, je croise beaucoup plus d’animaux. Ici, les chiens sont en liberté, ils vont faire leur petit tour, je les vois littéralement sourire. Les chats ne sont pas aussi sauvages que chez nous et prennent le soleil sur la route. Les vaches ont une cloche au cou et initialement, je pensais que le son provenait d’un temple mais non… Elles ne sont pas grandes mais elles ne sont pas maigres comme j’ai pu en croiser en traversant le Cambodge. Don Khon est plus étendue que Don Det. Je traverse à nouveau le pont et cette fois, je pars à Li Phi Somphamit.

Comme dans les temples, le temps s’arrête. Je paye mon billet et je traverse le pont sous lequel passe une rivière d’une couleur dont le nom n’existe pas. Il y a un chemin de terre et plusieurs directions, selon les envies mais qui finissent tous par se réunir. Des bambous tous reliés les uns aux autres forment des arbres, la lumière du soleil est tamisée, je suis dans une forêt (certes, pas très fournie) et contente de l’être. J’arrive au bout d’un chemin qui donne sur une plage de sable assez grande qui termine sur le Mékong. J’arrive à la cascade de proprement dite. Un banc circulaire est là pour que on puisse profiter du paysage qui est grandiose, mélangé à un son assourdissant de l’eau qui tombe. Le contraste est marqué entre la tranquillité de la vue et la violence du son.

Je continue le parcours pour arriver à un petit temple magnifique, blanc et doré mais patiné. Une paire de dragons protège les 4 accès situés aux 4 points cardinaux. Plusieurs colonnes soutiennent le toit du temple et sont toutes recouvertes de morceaux de miroir dans lesquels se reflète la lumière. 4 Bouddhas sont présents avec chacune une expression différente. On resterait des heures à regarder.

Retour par le même chemin, j’ai l’impression d’être restée deux fois plus de temps. Je traverse de nouveau le pont et reprends mon vélo.

Je pars au sud de l’île car il y a le vieux port Français dont l’emprunte aujourd’hui se borne à un promontoire monté sur des structures métalliques savamment reparties, un escalier de chaque côté, une rampe surplombée par une poulie, utilisée pour mettre à l’eau les bateaux. C’est tout ce qu’il reste. Il y a un petit restaurant en bois faisant face à la baie du Mékong et aux îles; le décor est tellement reposant!

C’est étrange, car bien qu’il y ait plusieurs maisons, je ne vois que peu de gens dans la rue, a contrario des arbres qui bordent l’allée.

Je me dirige maintenant vers le nord, côté Est car je veux voir la deuxième cascade de l’île, Khone Pa Soy Waterfall.

Autre chemin de terre pour accéder à cette cascade, peu d’indications une fois le billet payé, je suis le chemin d’herbe foulée par les gens qui devrait me mener à bon port. Voilà une charmante petite crique, un arbre a construit un petit abri avec ses branches, c’est très agréable ; il y’a plusieurs personnes. La cascade est moins imposante que Li Phi Somphamit, et l’endroit plus vierge. Un chemin monte vers le début de la cascade, il n’y a personne ; le tout me donne une sérénité, baignée de lumière et bercée par les flots dirigés par le courant.

Je repars tranquillement sous le soleil qui descend irrémédiablement mais le crépuscule est encore loin.

Demain, départ pour Savannakhet, à la rencontre de vielles maisons coloniales, bordant elles aussi le Mékong, je voyage doucement vers le nord, vers ma destination phare : Luang Prabang.

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