Le Cambodge et sa capitale
Phnom Penh, la capitale, n’est qu’à 3 h de vol de Jakarta.
Mon idée de base est de remonter le Cambodge et le Laos, pour terminer dans le nord Vietnam. En fait, visiter l’ancienne Indochine, comme l’appellent les anciens colonialistes. Je suis allée visiter Phnom Penh un weekend, dans ce qui pourrait être une autre vie, il y a une trentaine d’année. Je vivais alors à Saigon, comme on l’appelait alors, aujourd’hui Ho Chi Minh city. Je suis partie dans un vieux Fokker à hélice, qui perdait ses pièces… Je me souviens très bien de son numéro le 007… Était-ce le 7ème construit de la série ? probablement. En tous cas il n’y avait pas de ceintures de sécurité et l’état de l’avion était déplorable mais nous sommes arrivés à bon port.
Aujourd’hui, j’arrive tranquillement à Phnom Penh, dans un aéroport moderne et bien propre. Une boutique de téléphonie se trouve à l’extérieur de l’aéroport, ce qui est bien pratique ; j’achète cette fois une SIM physique.
En ce qui concerne les transports, il existe également l’application Grab, ce facilite grandement les choses, pas besoin de changer d’application et le paiement se fait par carte bleue.
Il faut savoir que les banques cambodgiennes prennent une bonne commission ; au moins 5 US$ minimum par retrait et ensuite 10%, ce qui es excessif. Vous pouvez par contre, payer par CB dans la plupart des endroits ; une commission est prélevée mais reste toutefois moins élevée que lorsque vous retirez de l’argent. Le Cambodge fonctionne avec une double monnaie, le US dollar ou le Riel.
Le Cambodge est aussi beaucoup plus cher que ses pays voisins ou même L’Indonésie. J’ai rencontré sur la route quelques back Packers qui ont vu leur budget sérieusement diminuer et qui n’était pas prévu.
Le but de mon voyage au Cambodge est sans surprise la visite des temples d’Angkor ; il y a bien d’autre endroits à visiter comme Kâmpôt ou Battambang, mais i faut savoir aussi que durant ce genre de tribulations, il faut savoir faire la part des choses, on ne peut pas tout voir…
Je souhaite voir les îles et la mer (Non, on n’en n’a jamais assez !), donc la route logique est de descendre de Phnom Penh pour remonter ensuite vers Siem Reap où se trouvent ces merveilleux temples et continuer mon voyage vers le nord.
J’arrive en tuk tuk à la villa Papillon située dans le centre de Phnom Penh en fin d’après-midi. La propriétaire de cette Hostel s’appelle Katy, elle es Cambodgienne et a vécu de nombreuses années en France avec son mari avant de venir s’installer ici. Le cadre est charmant, c’est une ancienne maison coloniale avec un patio. Katy s’exprime à sa manière qui est très colorée ! Elle a un franc parler et son vocabulaire est très imagé ; cela donne une touche sympathique dans le guest house.
Je réserve deux jours car je souhaite visiter la ville et si j’aime cet endroit, je resterai quelques jours de plus, on verra ; je voudrais également regarder si je peux faire quelques heures de pratique de Médecine Chinoise, il est temps.
Je l’avais lu sur internet mais Katy m’avertit, comme un enfant (ne le sommes-nous pas tous, ses hôtes ?) de faire bien attention à mon sac car il y a beaucoup de vols à l’arrachée dans la ville…. Les gens ont faim à Phnom Penh…
Je vais dîner pas très loin de l’auberge car il fait nuit et ne suis pas trop rassurée car je n’ai pas connu d’insécurité jusqu’à maintenant et je trouve un très bon restaurant Vietnamien juste à côté, je me régale !
Lendemain, le 24 décembre, je ne pars pas comme come à mon habitude, cheminer les rues de la ville qui est magnifique. J’ai repéré 3 centres d’acuponcture que je vais contacter ; si je peux faire quelques heures de pratique avec eux…
J’ai pris RV avec un acuponcteur français et le centre médical est juste à côté de l’auberge. Je suis contente car je vais pouvoir peut-être enfin commencer mes pratiques, il me reste un peu plus de 120 heures des 300h que je dois faire pour valider mon diplôme. Le plus intéressant (pour moi), est de voir l’approche du thérapeute, une fois le diagnostic établi. Quels méridiens va-t-il-utiliser, quels sera son premier point ? Cela peut paraître évident pour certains mais j’ai vu des approches très subtiles, qui pour soigner une pathologie, peuvent s’avérer beaucoup plus efficace que la voie logique, si je puis m’exprimer ainsi car je ne sais pas si on peut parler de logique dans la médecine Chinoise…
Bref... J’arrive au centre médical dans lequel se trouve plusieurs médecins de spécialité différente et on me dit que l’acuponcteur avec qui j’ai RV n’est pas au Cambodge, et ce, pour une durée indéterminée…. Bon, c’est l’Asie ; pas de surprise.
J’ai deux autres contacts. Le deuxième me dit qu’il fait de l’acuponcture à domicile, pas vraiment dans un cadre structuré.
Le dernier contact se trouve dans un parc qui héberge différentes activités commerciales ; c’est un lieu vraiment charmant; l’acuponcteur n’est pas là et je l’appelle; il me dit que c’est la période des fêtes, il n’y a pas suffisamment de patients pour pouvoir organiser des pratiques. Coup de pied dans l’eau ; par contre, il me parle de l’hôpital de médecine chinoise de Hanoi, dans lequel il a fait lui-même ses pratiques et qu’il me recommande chaudement.
J´espère que cette option sera la bonne. Je souhaite vraiment suivre des maîtres asiatiques. Mon professeur Chinois à Barcelone est très intéressant mais je voudrais connaître d’autres personnes. Un hôpital serait parfait, je pourrai non seulement voir plusieurs thérapeutes mais aussi différents styles de pathologie qu’on ne voit pas en “occident” car les patients vont directement chez le médecin pour une grippe ou á hôpital pour traiter un AVC. Je les contacte par e-mail, on verra bien.
Dans mes déplacements, je vois différents quartiers ; Les plus récents sont assez étonnant : plus éloignés du centre, les enseignes chinoises et Coréennes arborent de nouveaux buildings, effaçant scrupuleusement toute identification Cambodgienne, c’est assez surprenant. On sent une main mise sur le pays, surtout dans la capitale. Les Chinois construisent des hôpitaux, un deuxième aéroport. On m’a parlé de mafia Chinoise à Sihanouk ville…
Il me reste à visiter la ville, ce qui est aussi une chose bien agréable à faire.
Je la trouve relativement calme pour une capitale, beaucoup de motos et de tuk tuk, bien mois de voitures. Les allées sont larges et boisées ; les arbres sont vieux et grands, leur feuillage couvre une bonne partie de la rue, ce qui est un délice car il fait chaud.
Je tombe de temps en temps sur une charmante douairière à colonne, toujours peintes en blanc à-demi cachée par des murs et de magnifiques arbres dans le jardin qui dominent son enceinte… on sent encore très fortement la présence passée française mais bien adaptée à aujourd’hui. Les grandes bâtisses coloniales ont utilisé à des fins administratives et sont souvent peintes en jaune et blanc.
J’arrive au palais royal, tout le quartier est fermé aux véhicules. Il n’y a que très peu de passants, nous rasons les murs, avides d’ombre. Le sol est peint en jaune canari, tout comme le Palais Royal. Le jaune est la couleur royale au Cambodge. Le palais dispose d’un énorme jardin, un grand temple sur son côté et un autre qu’on aperçoit au loin, au bout de la rue.
Je m’arrête dans un très bel hôtel colonial pour demander un jus, à l’ombre des glycines et des arbres, sous un porche offrant des ventilateurs. Le cadre est splendide.
Je déambule sans carte dans ces rues magnifiques, je suis dans le “centre” mais je n’ai pas de sensation d’y être ; Très peu de boutiques, les restaurants semblent ne pas être en activité, ponctués de petites boutiques d’alimentation. J’arrive sur le marché qui est tout petit ; je trouve des coiffeurs et des couturières. Il n’y a pas beaucoup de choix sur le marché. La ville ne respire pas la richesse ni la joie de vivre ; on sent les arbres comme des gardiens des âmes tristes ou errant sans but.
Il faut dire que Phnom Penh a été le théâtre d’horreurs durant des années.
Katy de l’auberge m’a parlé de musée de la torture et je n’irai pas voir ces lieux de supplices. On sent bien dans la ville, de manière palpable, la souffrance vécue par ce peuple.
On m’a reproché de me pas y aller ; cela ferait-il une différence ? Je préfère-vous conter dans les grandes lignes ce qui s’est passé durant ce génocide et rappeler l’histoire pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli plutôt que d’aller plomber mon énergie là-bas.
J’ai eu la chance de pouvoir aborder l’histoire de plusieurs pays asiatiques durant mes études.
À la fin de la guerre d’Indochine, le Cambodge, faisant partie du protectorat Français, obtient son indépendance en 1953. Une monarchie constitutionnelle est établie, avec à sa tête, le roi Norodom Sihanouk. Le régime fait face à des difficultés dans les années 60. Une guérilla marxiste éclate, menée par les Khmers Rouges, qui arrive à son apogée en 1967. Le mouvement est dirigé par Pol Pot.
Il ne faut pas oublier qu’à ce moment-là, la guerre fait rage au Vietnam et la présence des Américains s’étend au Cambodge, pistant les soldats Vietnamiens cachés au-delà des frontières.
En 1970, les Américains aident le général Lon Nol a prendre le pouvoir au Cambodge, et ainsi déclarer une république afin de contrer le mouvement montant marxiste; Le roi Sihanouk est destitué.
Le départ des Américains en 1973 favorise la prise de pouvoir des Khmers Rouges qui s’emparent de Phnom Penh en 1975. Ils instaurent la république démocratique du Kampuchea qui s’avérera une dictature sanglante, avec Pol Pot à sa tête.
Il organisera des déplacements massifs de population, vidant sa capitale en une seule journée. Il instaure le travail force et élimine l’élite intellectuelle. La famine arrive. Le peuple connaîtra malheureusement les tortures et les éliminations sommaires au quotidien.
Entre 1975 et 1979, en seulement 4 ans, Pol Pot décime près d’un tiers de la population. Les chiffres ne sont pas clairs, on parle de plus de 2 millions de personnes torturées et massacrées…
En 1979, les troupes Vietnamiennes, soutenues par l’URSS envahissent le pays, Pol pot s’enfuit dans la jungle.
À l’aide de ses complices, il continuera des actions de guérilla et terminera par quitter ses fonctions militaires en 1985. Ses propres troupes vont l’arrêter en 1997 et le condamner à a réclusion à perpétuité. Il meure en 1998 d’un infarctus.
Ses complices répondront de leurs crimes en 2010, 30 ans après les faits, devant un tribunal international qui leur affligera des peines allant jusqu’à 30 ans de réclusion.
Je ne me sens pas vraiment en harmonie avec la ville, aussi belle soit-elle, et dès mon retour à l’auberge, je demande à Katy de m’organiser le transport vers les îles du sud, spécifiquement à Koh Rong pour respirer le bien-être et la douceur de la mer.