San Cristòbal de las casas

Une journée de bus depuis Palenque, id est 210 km ! Le bus est passé par Villa Hermosa et Tuxla. J’ai demandé pourquoi ce détour, il se pourrait que la route directe ne soit pas trop sûre, des révolutionnaires tentent de vider des portefeuilles, plutôt à des nationaux que des touristes, car on ne joue pas avec un des plus gros revenus du PIB Mexicain. Idem pour la route qui va à la frontière avec le Guatemala. C’est peut-être simplement la route de la ligne de bus qui a le plus de passagers, allez savoir…

Bref. Après la journée passée dans le bus, j’arrive à San Cristóbal, en plein cœur des Chiapas, dans les montagnes et la nuit tombée. L’auberge est située à environ 1 km, je tente le coup avec le sac à dos... J’ai envie de prendre l’air. La différence de climat avec Palenque, qui est tropical, est telle que j’ai l’impression d’arriver dans un autre pays. Il fait frisquet et j’ai un peu de mal à respirer. Nous sommes quand même à 2,100 mètres. D’ailleurs, depuis Tuxla, le bus ne faisait que monter, des collines à perte de vue, tout est verdoyant. Incroyablement beau et plein de sérénité.

San Cris, comme la nomment les habitants avec tendresse, est une ville à part. Il y règne un calme et un respect assez surprenant ; respect de la ville par ses habitants et aussi respect de l’autre. Il y a comme un fil conducteur entre tous qui donne un bien être à la ville entière. Il y a bien sûr une architecture coloniale et les maisons, plus belles les unes que les autres et qui forment les fameux blocs avec de-ci, de-là des parcs ; le central avec son kiosque ou d’autres, qui servent de parvis d’églises -qui foisonnent dans la ville- ou encore avec simplement des arbres. Communauté serait le mot que j’utiliserais pour décrire l’ambiance qu’il y existe, mais sans étiquettes comme les bobos ou les hippies. Ou alors, les étrangers qui restent à San Cris sont des petits enfants des hippies ! Il y a plusieurs quartiers bien sûr, ceux pour les touristes, ou disons le centre qui est bien étendu et le reste. J’ai d’ailleurs visité un quartier un peu plus éloigné, où se trouve le musée de l’ambre qui est public et que je vous recommande, qui est établi dans l’ancien couvent de la Merced. Cet édifice est restauré petit à petit, avec les moyens du bord. Ce quartier est un peu plus en hauteur et permet d’avoir une superbe vue de la ville ; j’y étais à la fin du jour et on en prend plein les yeux ! San Cris a également des trottoirs impraticables. Je dirai que c’est une image typique de cette ville. Attention quand il pleut, les pierres qui recouvrent certains trottoirs glissent ! Il y a aussi des dénivelés de plus de 50 cm sur certains trottoirs !!!

Les maisons et immeubles sont peints de toutes les couleurs du bleu ciel au jaune terre au vert bouteille. Il y’a des boutiques de luxe dans certaines rues, comme un peu plus loin des restaurants qui sont réunis dans un seul espace et une même décoration. Au beau milieu du centre, des restaurants plus traditionnels qui vous envoient des chants de mariachis, on en a plein les oreilles et accompagnés de fumets de la cuisine d’ici qui nous feraient nous arrêter pour goûter ! Pour aller au marché, le quartier touristique se mélange au quartier plus “local” et c’est bien sympa. Les boutiques d’artisanat traditionnel jouxtent la librairie pour tout public ou encore la boutique de vêtements “made in USA” peints sur les murs comme nos anciennes publicités des années 50.

J’aime cette ville. Comme tous les gens que j’ai croisés. Qu’ils soient natifs ou pas, de passage ou pas. Je ne connais pas un seul touriste qui ne soit pas resté, ne serait-ce qu’une nuit de plus. J’avais réservé pour 2 nuits, je prolongerai jusqu’à 6. L’auberge dans laquelle je suis, en est responsable en grande partie. C’est la “isla”. Très bien placée, c’est l’auberge la plus confortable que j’ai connue jusqu’à maintenant, avec en plus cette idée de communauté. L’auberge n’est gérée que par des volontaires qui sont là, pour certains, depuis 6 mois. Ils ont réussi à créer une famille. Ils nous emmènent dans le dernier resto super bon et pas cher, tortillas (pour nous tacos !) cuits au feu de bois, le cuisinier n’a pas le temps de gérer les paiements. Vous laissez l’addition dans sa casquette et si vous n’avez pas le change, vous le prenez-vous-mème …. Connaît-on cela chez nous ??? La cuisine de l’auberge et un espace commun, chacun se fait son café ou sa tambouille. C’est vraiment sympa ; elle est ouverte sur e salon lui aussi bien accueillant.

On m’a proposé, comme endroit à visiter autour de la ville, un espace qui s’appelle “l’Arcotete”. C’est un espace de jeu pour les enfants, mais aussi une sorte de camping avec au milieu, une arche naturelle avec une rivière qui passe. C’est une promenade assez sympa mais somme toute, pas si grande que ça. Elle m’a permis d’aller respirer les arbres et la nature. Pour y accéder, on prend le fameux colectivo. On peut voir ainsi la différence de quartiers bien plus populaire et sommaire que le centre de cette magnifique ville. Je n’ai pas senti de pauvreté mais des ceintures plus serrées, c’est sûr.

Depuis que je suis arrivée au Mexique, les gens que j’ai rencontrés m’ont tous demandé ce je j’allais faire le jour des morts. J’avoue que lorsque j’ai réservé le billet d’avion, je n’y ai pas pensé car je n’ai vu que l’ensemble du voyage. Le jour des morts aux Mexique… je ne connaissais que Coco (super bon film et très instructif) ou le début d’un James Bond qui se passe à Mexico City- On a les références qu’on a !!! Que vais-je faire et visiter le jour des morts ? surtout où vais-je aller ? Ce que je savais, c’est que je n’avais pas envie d’aller seule à Mexico City. Pour un moment, j’ai pensé à Palenque puis finalement, je me suis décidée pour San Cristóbal et j’ai bien fait.

Les Mexicains n’ont pas du tout la même vue que nous sur leurs défunts, qui ont bien leur place parmi les vivants. Pour eux, il est impensable de ne pas se souvenir de ses morts, qui ne doivent surtout pas tomber dans l’oubli. Ici, on commémore ses morts en faisant la fête avec eux. Les rues sont décorées, des fleurs orange-“ cempasuchil” qui me font penser à de très gros œillets avec des fleurs un peu plus serrées. Dans chaque demeure, restaurant ou boutique se trouve en plein centre un autel pour commémorer les défunts. Chacun décide quand préparer l’autel, j’en ai vu en arrivant au Mexique et 15 jours après, j’en vois encore installés. Le boutiques et restaurants se parent de squelettes habillés et qui ne vous transmettent pas de peur ou de répulsion. Ce sont des squelettes qui pourraient représenter chacun de nos défunts. Le jour des morts, il y a des processions de gens déguisés en morts car c’est un moment de communication, de mémoire et de fête. La fête d’être bien vivants. On mange, on boit et on partage avec eux.

Je suis sincèrement touchée, les volontaires de l’auberge nous proposent de préparer l’autel avec eux. Nous mettrons des photos de nos proches hélas partis. C’est un moment très touchant et intime, que nous partageons avec des gens inconnus, c’est assez spécial mais nous sommes tous réunis dans notre perte. Grand moment. Nous allons dehors, c’est la fête, les rues sont pleines de gens maquillés, déguisées, il y a comme chez nous en Catalogne des caravanes comme pour le carnaval. Nous sommes tous réunis, vivants et heureux de pouvoir partager avec nos défunts. C’est une pratique que je continuerai à la maison car c’est une des plus belles choses qui m’ai été donnée de pouvoir partager cela.

La fête des morts dure depuis le 31 au soir jusqu’au deux novembres. On nous propose le premier novembre, de faire une excursion dans un cimetière non loin de la ville, à environ 20 mn en voiture. Nous sommes parties à trois (avec 2 françaises) et nous sommes arrivées, surprises, dans une foire installée devant le cimetière. C’est vraiment la fête ; il y a également tout un marché oú on y trouve de la viande grillée, de l’alcool fait maison et du coca qui est la boisson nationale ici. Toutes les tombes sont décorées de fleurs, c’est grandiose il y a 3 grandes croix de plus de 10 mètres de hauteur au centre ; nous arrivons enfin d’après-midi et les gens sont sur le point de partir. Tous ont déjeuné et bien bu pour la plupart, avec leurs défunts ; c’est assez surréaliste. Certains ont engagé des mariachis qui font leur performance devant les tombes, d‘autres chantent eux-mêmes, d’autres encore, chantent en pleurant… Nous partons discrètement. Nous ne sommes pas allés sur les tombes à côté d’eux, simplement par respect.

Le lendemain, c’est décidé, je me maquille en Catrina, une sorte de maquillage de squelette pour femme et vais déambuler dans les rues avec mes deux acolytes Françaises, elles aussi maquillées ; nous nous réunissons avec les autres dans la procession.

Dernière excursion avant de partir, je pars au “Cañón del sumidero” C’est un drôle de nom, le sumidero en Espagnol veut dire un siphon. C’est en fait une rivière qui passe et les montagnes de chaque côté vont jusqu’à 1000 mètres de hauteur. 1 heure de bus pour y aller, point de vue depuis des miradors ; le site est fabuleux, encore des montagnes. Nous descendons pour arriver à une barque qui a de gros moteurs, 45 km de bateau en presque 2 heures. Les paysages sont fantastiques, il y a une réserve d’oiseaux, pélicans, hérons, d’autres que je ne reconnais pas mais qui sont par centaines sur la rivière, quand le bateau passe, ils s’envolent tous. Gros regret à ce moment-là de ne pas avoir mon appareil mais le poids était primordial… singes, crocos qui se dorent au soleil, on a vraiment du mal à les distinguer des troncs d’arbres couchés. Plus nous avançons, plus les montagnes de chaque côté s'élèvent. On se sent tout petit devant cette nature qui pourrait être terrifiante… Deux heures de bateau, soleil, cuisson et rires car le guide/conducteur est vraiment drôle, on se laisse bercer sur l’eau. Superbe journée.

Depuis quelques jours, je me tâte vraiment pour aller au Guatemala... je suis mitigée mais les gens qui en viennent ont adoré et je veux surtout aller visiter Tikal. C’est quand même plus sécurisé que de partir de Calakmul que je voulais également voir mais compliqué…donc je décide de partir.

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